Corona Coromerde

Un médecin de famille vous manque et c’est le vide absolu.
Ce Corona virus est vraiment une vraie saloperie. On savait qu’il ne fait aucune différence entre riche et pauvre, citadin et campagnard, honnête homme ou voyou.
On savait qu’il s’attaque aux plus vieux, aux plus faibles, aux plus vulnérables. Mais on espérait, et on espère toujours, on prie même si on n’a jamais prié et même si on ne croit en rien, qu’il ne touche jamais nos proches, ni nos amis, ni les gens qu’on aime.
Mais cette saloperie de virus n’en fait qu’à sa tête à la couronne usurpée.
Tu es le roi des salopards. Tu es une crapule. Tu es un faucheur sans scrupules. Tu prends au hasard. Je te hais, salaud ! Je te hais, ordure fumier !
Tu viens encore de nous enlever un des hommes les plus tendres, les plus gentils, les plus affectueux, les plus fraternels.
Tu viens de nous dérober un des médecins les plus compétents, les plus sérieux, les plus disponibles, les plus proches, les plus accessibles...
Il était notre médecin de famille depuis toujours. Depuis des années, il nous suivait de très près, il m'a suivi, il a suivi mon père, il a suivi ma mère, il a suivi ma sœur.
Il suivait aussi plusieurs membres de ma famille ainsi que bon nombre de mes ami(e)s.
On allait le voir avant de penser d’aller voir un autre médecin parce qu’on savait qu’il allait nous recevoir, nous consulter, ou juste nous écouter avant de nous envoyer, s’il y a lieu, vers un autre médecin plus spécialisé.
C’était vraiment un homme avec un sens immense de l’éthique.
Nous avions tous le numéro de son portable, et on pouvait l’appeler n’importe quel jour, à n’importe quelle heure, sans que cela se semblait le déranger. Lui-même parfois nous appelait pour s'enquérir de nos nouvelles ou des résultats d’analyse ou autres. Il semblait connaître nos vies et l’historique de notre santé beaucoup plus et beaucoup mieux que nous.
Avec lui, on ne pouvait pas prendre de rendez-vous. Il fallait y aller, attendre, et ça pouvait durer parfois plusieurs heures. Mais personne ne s’énervait. Tout le monde attendait avec patience.
Et à chaque fois, il avait toujours le même sourire, toujours le bon mot pour nous recevoir, et toujours les belles paroles pour nous rassurer.
C’était un médecin hors du commun.
J’ai dit que c’était notre médecin de famille, mais en vérité il était le médecin de toutes les familles, et ce salopard de virus haineux et tueur l’a assassiné. Froidement.
Il était sans doute prédestiné à une mort de ce type parce qu’il était très proche, peut-être trop proche de ses patients. Il était si plein d’empathie et d’affection qu’on avait l’impression qu’il prenait peu de précautions.
Aujourd’hui, nous sommes tous et toutes orphelins et orphelines de lui, et nous le pleurons comme s’il était de notre propre famille. Et il l’était vraiment.
Qu’allons nous devenir sans lui ? Qui pourrait le remplacer ? Qui va nous soigner ? Qui va nous écouter ? Qui va nous orienter ? Qui va nous sourire ?
Je n’arrive pas à trouver une seule réponse.
A toute sa famille, à tous ses proches, à tous ses amis, à toutes ses amies, à tous ses patients et à toutes ses patientes, je présente mes plus sincères condoléances.
Adieu docteur. Tu étais un bel homme et une belle âme. Repose en paix cher ami !